Réflexions d'une vie

Réflexions d’une vie

Des pensées écrites comme on respire. Un peu par besoin. Un peu par espoir.

“À ceux qui sont restés : merci, du fond du cœur. À ceux qui sont loin, mais prient, pensent ou soutiennent en silence : merci aussi. Aux autres : pas besoin de les citer. Leur absence parle pour eux.”

I. Quand la nouvelle tombe

Au début, tout le monde veut savoir. Pas par inquiétude. Par curiosité. Par réflexe. “Tu as entendu ?” “C’est grave ?” Les gens ne viennent pas pour t’aider. Ils viennent pour raconter. Pour se rassurer que ce n’est pas eux. Et puis, quand la poussière retombe, ils repartent. Ils ont d’autres vies. D’autres peurs à éviter. Et toi, tu restes là, seul avec la tienne.

II. L’inconfort des autres

Les gens ne savent pas gérer ce qu’ils ne comprennent pas. Alors ils préfèrent détourner les yeux. Disparaître. Comme si ton mal risquait de les contaminer. Ils t’oublient. Ou plutôt : ils s’arrangent pour ne plus penser à toi. Parce que ça leur fait peur. Parce que ça les confronte à leur propre fragilité. Et toi ? Tu fais semblant que ça va. Parce que tu n’as pas la force d’expliquer. Parce que tu sais que ça ne sert à rien.

III. Ceux qui ne sont pas partis

Il y en a. Très peu. Mais ils existent. Ce sont ceux qui ne posent pas mille questions. Qui ne cherchent pas à “comprendre” ce que tu vis. Ils sont là, simplement. Sans bruit. Sans attente. Ils ne te regardent pas comme un malade, mais comme un homme. Un père. Un être entier. Ce sont ceux-là qui comptent. Les autres n’étaient que de passage. Ou pire : des touristes du malheur.

IV. Ce que j’en retiens

La maladie ne révèle pas que ton corps. Elle révèle le monde. Les faux amis. Les phrases vides. Les regards gênés. Mais aussi — et c’est ça qui sauve — les liens vrais. Solides. Bruts. Alors non, je ne cherche plus la foule. Je n’en ai pas besoin.J’ai ma femme. Mes fils. Deux ou trois autres peut-être. Et c’est tout. Mais c’est assez. Parce que ce sont eux qui tiennent. Même quand je m’effondre.

À Mickaël "Le Pélerin"

Ce tableau a été peint par Mickaël Petit, de Saint-Nicolas d’Aliermont (76) lieu de mon enfance. Un ami. une personne authentique. Paraplégique, mais plus debout que bien des gens. Il ne pouvait pas marcher, mais il avançait. Il peignait avec l’intérieur. Avec ce que beaucoup refusent de regarder : l’essentiel. Dans ce portrait, il y a un pèlerin seul, face à l’horizon. Mais il n’est pas perdu. Il marche, malgré tout. Et cette marche, aujourd’hui, elle continue. Je la poursuis. À ma façon. Avec mes mots. Avec mon combat. Avec mes silences aussi.
“Mickaël a peint ce que je vis. Et moi, aujourd’hui, je rends visible ce qu’il a laissé en moi.”