L'épreuve d'Annie

Maman Annie : Un Amour Plus Fort que les Épreuves
En 2016, alors que je faisais face à ma propre bataille contre l’HTAP, le destin a voulu que nos chemins de vie se resserrent encore davantage. Maman, à 78 ans, est entrée à la clinique Mégival de Dieppe pour ce qui semblait être un simple mal de ventre. Ce qui devait être une courte hospitalisation de quatre jours s’est transformé en un long parcours médical éprouvant.
Le début du calvaire à Mégival
Les jours passaient et les médecins ne trouvaient pas l'origine de ses douleurs. Plus inquiétant encore, son état commençait à se dégrader progressivement. Sa voix au téléphone devenait de moins en moins cohérente, un changement alarmant pour celle que j'avais toujours connue vive et alerte. L'éloignement géographique rendait la situation encore plus difficile, mais heureusement, sa sœur Arlette et sa fille Barbara, vivant près de la clinique, veillaient sur elle.
La situation est devenue préoccupante lorsque nous avons découvert que le personnel médical, pour "gérer" les patients, administrait du Valium matin, midi et soir. Cette surmédication n'a fait qu'aggraver l'état de maman, la plongeant dans une confusion croissante.
Le Combat pour sa Dignité
Après deux mois d'hospitalisation sans diagnostic précis, j'ai dû prendre les choses en main. Contre l'avis des médecins qui semblaient dépassés, j'ai entrepris les démarches pour la transférer dans un EHPAD proche. Par chance, une chambre s'est libérée. La décision prise un vendredi s'est concrétisée dès le mardi suivant.
Dans l'EHPAD, première victoire : l'arrêt du Valium. Puis enfin, le diagnostic tant attendu : une occlusion intestinale. Un moment particulièrement mémorable fut celui où, en présence de son amie Maryline, un simple lavement a apporté un soulagement miraculeux après tant de souffrance.
Cinq mois dans cet établissement ont permis à maman de retrouver progressivement ses esprits. C'est alors que Nancy, ma femme, a fait cette proposition qui allait changer nos vies : accueillir maman chez nous.
Cinq Années de Vie Partagée
De 2018 à 2023, nous avons vécu des moments précieux ensemble. Maman s'était parfaitement adaptée à notre foyer, retrouvant une certaine autonomie et une joie de vivre qui nous réchauffait le cœur. Mais en 2023, une nouvelle épreuve est venue bouleverser notre équilibre.
Le Combat Contre l'Escarre
Tout a commencé par un escarre au pied qui refusait de guérir malgré les soins à domicile. Chaque jour, nous constations avec impuissance que la situation empirait. Après plusieurs rendez-vous infructueux, un examen Doppler a enfin révélé la gravite : les artères étaient complètement bouchées, empêchant toute cicatrisation.
Grâce au Dr Reybaud. de l'institut Arnault Tzanck, maman a pu être admise à l'hôpital Fontonne d'Antibes, dans le service cicatrisation du Dr Femenias. Les réunions médicales ont abouti à une conclusion difficile mais nécessaire : l'amputation de sa jambe était devenue inévitable en raison de l'infection grandissante.
Courage et Résilience
Maman elle-même réclamait cette intervention, épuisée par des mois de souffrance. L'opération s'est bien déroulée, et après deux mois de rééducation à la clinique ORSAC de Grasse, elle a fait des progrès remarquables avec sa prothèse.
Les Derniers Combats
De retour à la maison, elle avait retrouvé une certaine autonomie. Mais la perspective de retourner en rééducation a semblé être l'épreuve de trop. C'est alors qu'est apparu le syndrome du glissement, ce refus progressif de continuer à vivre qui l'a doucement éloignée de nous.
Le 14 janvier 2024, maman s'est éteinte paisiblement dans son sommeil, chez nous, entourée de l'amour des siens. Son départ a laissé un vide immense, mais aussi l'héritage d'un courage exemplaire face aux épreuves de la vie.
Un Lien Indéfectible
À travers ces épreuves, notre lien s'est renforcé d'une manière unique. Malgré mes propres batailles contre l'HTAP et le cancer, accompagner maman dans ses dernières années a été une source de force mutuelle. Son courage face à l'adversité continue de m'inspirer dans mon propre combat contre la maladie.

À mes parents, pour toujours
Papa, tu es parti en 2007, laissant un vide que rien ni personne n’a jamais comblé.
Tu étais un homme juste, passionné, exigeant mais bon.
Industriel chevronné, bâtisseur dans l’âme, tu travaillais pour nous, pour demain, sans relâche.
Maman, toi, tu es restée debout.
Femme forte, cœur immense, toujours là pour nous porter.
Tu n’étais pas seulement une épouse dévouée et une mère aimante.
Tu étais aussi la gestionnaire rigoureuse de notre entreprise familiale,
l’âme discrète mais indispensable de cette aventure à deux.
Tendre, digne, lumineuse.
Tu étais l’équilibre, la douceur, la force silencieuse.
En 2024, la vie t’a arrachée à nous. Trop vite. Trop tôt.
Mais votre amour, votre complicité, votre courage à deux…
restent gravés en moi.
Je vous imagine enfin réunis, main dans la main, comme autrefois.
Et moi, je marche. Avec vos voix en moi.
Avec vos gestes en mémoire.
Avec vos sourires au fond du cœur.